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Raygun

Entreprendre par passion

Le compositeur et ingénieur du son Peter Baert travaillait auparavant dans une maison de production, mais sa passion pour la musique l’a poussé à créer son propre studio. Avec son épouse Liesbeth Demolder, il gère maintenant Raygun, un studio d’enregistrement qui propose quatre espaces d’enregistrement différents.

 

Raygun
Dans cet article

    À l’époque

    Vous avez une entreprise plutôt particulière. Pouvez-vous décrire en quelques mots ce que vous faites ?
    Peter Baert
     : « J’ai créé Raygun en 2006. C’est un studio d’enregistrement qui contient quatre espaces d’enregistrement distincts. Nous produisons surtout de la musique et des spots radio pour les agences publicitaires. Nous faisons également des Sound Identities pour les grandes marques. Il nous arrive aussi de créer de la musique pour la télévision et le cinéma. Au début, je travaillais avec un associé, mais depuis, mon épouse a commencé à travailler dans l’entreprise et aujourd’hui, nous la gérons ensemble. »

    D’où vous est venue l’idée de fonder Raygun ?
    « Je travaillais déjà dans un studio, et c’était moi qui éteignais la lumière tous les soirs. (Rires) J’ai demandé si je pouvais acheter une part du studio, mais il n’en était pas question. Pour moi, il était donc logique de lancer ma propre affaire. Les débuts n’ont pas été simples, mais aujourd’hui, nous sommes devenus l’un des principaux acteurs dans le tout petit monde des studios d’enregistrement. »

    Quel sentiment retenez-vous de cette phase de lancement ?
    « Je me souviens surtout d’un sentiment d’euphorie quand nous avons pris cette décision. Évidemment, créer son entreprise entraîne de nombreuses responsabilités, mais il ne faut pas trop réfléchir à ce moment-là. Nous avions une mentalité just do it ! Je compare un peu ce sentiment à un instinct de survie. Énormément de choses vous tombent dessus, mais vous sautez d’une chose à l’autre et faites ce que vous savez faire au mieux. Il est essentiel d’avoir un bon comptable à ce moment-là. On est surtout occupé par le travail, et un comptable permet d’éclaircir la situation. Il définit avec nous les points essentiels pour la suite des événements. »

    « Je me souviens d’un sentiment d’euphorie au moment de lancer cette entreprise. »

    Aviez-vous déjà eu une expérience dans l’entrepreneuriat ?
    « Non, pour moi, c’était une toute nouvelle aventure. Je suis une personne très créative. Pour tout ce qui concerne les chiffres, nous allons chez un comptable. Ce n’est vraiment pas notre domaine. Ça a donc été un véritable processus d’apprentissage. Au départ, nous voulions être les patrons que nous n’avions jamais eus nous-mêmes. Mon épouse et moi avons souvent eu des patrons avec une approche ‟top-down”, et nous voulions gérer une entreprise qui soit avant tout humaine, une entreprise où l’on s’écoute les uns les autres et où l’on travaille ensemble. Nous étions un peu naïfs, car les débuts étaient surtout très décontractés. Nous avons dû peaufiner un peu les choses et instaurer des règles par la suite. Mais nous ne sommes toujours pas de méchants patrons ! Nous restons humains tout en étant sévères quand cela s’avère nécessaire. »

    Maintenant

    Est-ce que vous feriez certaines choses autrement si vous pouviez retourner en arrière ?
    « En 12 ans, nous avons énormément évolué, et maintenant c’est facile de dire ‟je ne ferais plus comme ça”. Mais à ce moment-là, nous étions différents, et je pense qu’on ne peut pas comparer. Évidemment, nous avons fait des erreurs en cours de route : mauvais investissements, collaborateurs qui ne convenaient pas, mauvaises décisions prises sous la pression… mais ça fait partie du jeu. En plus, cette ignorance des débuts nous donne une certaine arrogance qui nous aide et nous pousse à faire les choses comme on le désire vraiment. »

    De quoi êtes-vous fier ?
    « Ce n’est pas dans la nature des Flamands d’être fiers… Mais je suis quand même très fier de la bande originale que nous avons récemment créée pour le film Façades. Nous avons également remporté de nombreux prix dans le domaine de la publicité, notamment grâce à des spots pour Parents d’Enfants Victimes de la Route, pour le don d’organes et pour Alzheimer. Ce sont des causes pour lesquelles nous avons pu faire la différence et cela nous rend très heureux. C’est aussi très chouette de voir que notre travail est toujours équilibré. Comme le dit notre directeur artistique : il y a ‟tartine” et ‟vitrine” : travaillez sur des projets qui vous font gagner votre pain mais aussi sur des projets qui vous rendent fiers et que vous pouvez placer dans votre vitrine. »

    « La musique peut vraiment faire la différence dans un spot publicitaire. Et nous pouvons en être fiers. »

    Plus tard

    Comment voyez-vous l’avenir ?
    « Pour le moment, nous sommes vraiment dans une phase de transition. Nous travaillons beaucoup pour des agences publicitaires, mais nous voyons bien que certains grands acteurs commencent à travailler avec des studios en interne, un choix purement budgétaire. Le paysage commence donc à évoluer pour nous. Nous devons un peu chercher, mais je suis convaincu que nous allons trouver notre voie. Nous faisons toujours en sorte de donner le meilleur de nous-mêmes, d’aider les gens au maximum et de nous assurer qu’ils puissent compter sur nous. En tant qu’entreprise, notre # est #gladwecouldhelp. Il faut toujours offrir une plus-value, une expérience positive ou un service exceptionnel, pour que le client reparte satisfait. Je crois également dur comme fer à la passion pour un métier. C’est grâce à cela que l’on y arrive. Si l’on fait son travail avec amour, le reste suit toujours. »

    Peut-on dire que vous êtes accros au travail ?
    « Eh bien, j’ai une fille d’une ancienne relation et nous avons eu deux autres enfants avec mon épouse. Quand ils dorment, nous rallumons les ordinateurs pour continuer à travailler… Pour nous, c’est évident, parce que nous aimons ce que nous faisons. J’ai d’ailleurs parfois du mal à comprendre que la jeune génération fonctionne autrement. Pour les jeunes, le portable reste au travail et l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est beaucoup plus important. Je trouve qu’ils manquent un peu d’ambition mais ce sont peut-être eux qui ont raison. Vous savez, j’aime les gens qui sont ambitieux et qui font tout pour atteindre leurs objectifs. Si quelqu’un devait un jour prendre la relève dans notre entreprise, je chercherais une personne de ce type. Quelqu’un qui a l’envie d’aller loin. »

    « Si l’on fait son travail avec amour, le reste suit toujours. »

    Penser à l’avenir, cela veut aussi dire vous protéger suffisamment. Comment faites-vous ?
    « Nous avons une épargne-pension. Et je vois aussi notre maison comme une sorte de pension. Nous sommes bien assurés, mais je n’exagère pas dans tout ça. Si on essaie de couvrir tous les risques, on finit peut-être par se sentir, à tort, en sécurité. J’avance donc très doucement, avec beaucoup de pragmatisme de ce côté-là. »

    Vous gérez votre entreprise en couple. Est-ce que cela facilite les choses ?
    « C’est fantastique. Nous nous voyons énormément et c’est très chouette de travailler sur un même projet. Mon épouse a beaucoup de flair pour la décoration et beaucoup d’intuition pour trouver des personnes talentueuses. Grâce à cela, elle a pu créer une atmosphère très agréable dans l’entreprise et composer une équipe qui fonctionne très bien. Nous recevons tous les jours des compliments sur l’aménagement du studio et sur nos employés. Le seul inconvénient lorsqu’on travaille ensemble, c’est que ça ne s’arrête jamais. Parfois, nous devons vraiment nous dire : ‟On ne parle pas de ça maintenant, sinon on va encore aller au lit trop tard”. Mais quand les deux personnes sont très motivées, comme nous, ce n’est pas toujours simple ! »

     

    À propos de Raygun

    Raygun a vu le jour en 2006. En 2014, Peter Baert a racheté la totalité de la société et son épouse Liesbeth Demolder a commencé à y travailler. L’entreprise fonctionne désormais grâce à une équipe d’environ 9 personnes : 2 managers et 4 employés, ainsi que 3 personnes qui travaillent pour Raygun en tant qu’indépendants.

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