Les fonds d’investissement : comment ça marche?
En raison des risques qu’ils comportent, les fonds d’investissement ou ‘Hedge Funds’ sont souvent considérés comme des placements à haut risque. C’est pourquoi les dirigeants américains et européens ont pris des mesures visant à mieux encadrer et rendre plus transparents ces fonds montrés du doigt pour leur rôle supposé dans le déclenchement de la crise financière. Mais comment fonctionnent précisément ces fonds et sont-ils aussi risqués qu’on le prétend?
La plupart des fonds d’investissement nécessitent une mise de fonds minimale de cent mille, voire d’un million de dollars et sont donc difficilement accessibles à l’investisseur lambda. C’est pourquoi ils s’adressent en priorité à un éventail limité d’investisseurs professionnels ou à des particuliers éminemment fortunés. Jusque tout récemment, les fonds spéculatifs ne s’inscrivaient pas dans un cadre réglementaire structuré, ce qui permettait aux gestionnaires de ces fonds de disposer de tout un arsenal de stratégies d’investissement échappant aux réglementations régissant les fonds d’investissement ordinaires.
Comme le laisse entendre le terme anglais ‘Hedge Funds’, les fonds d’investissement étaient, à l’origine, destinés à couvrir certains des risques inhérents à leurs investissements. Les ‘Hedge Funds’ mettent en œuvre une multitude de stratégies d’investissement plus ou moins complexes, parmi lesquelles le ‘Long/short equity’. Cette méthode consiste à prendre des positions ‘long’ à l’achat sur des titres considérés comme sous-évalués et des positions ‘short’ à la vente sur des titres considérés comme surévalués. En d’autres termes, l’idée principale du ‘Long/short equity’ consiste à diagnostiquer des déviations de valeur sur les marchés et de vendre à découvert l’actif surévalué (prendre une position ‘short’) pour ensuite acheter l’actif sous-évalué (prendre une position ‘long’). En ce qui concerne la position ‘long’, le rendement est positif lorsque l’actif en question s’accroît. La position ‘short’, quant à elle, fonctionne de manière inverse : le rendement est positif lorsque l’actif perd en valeur.
Exemple de stratégie ‘Long/short equity’ : le gestionnaire du fonds achète ‘long’ des actions Telenet et prend une position ‘short’ sur des actions Belgacom qu’il estime surévaluées. Si, pour l’une ou l’autre raison, le marché belge des télécommunications venait à s’effondrer, il serait couvert par sa position ‘short’ sur Belgacom et limiterait ses pertes. En revanche, en cas de hausse générale du secteur, les bénéfices seraient moindres.
Les risques inhérents à la stratégie ‘Long/short equity’ ont amené les autorités des marchés financiers de nombreux pays à adapter les règles relatives aux ventes à découvert et à interdire les prises de position ‘short’ sur un certain nombre de valeurs bancaires.
Un des plus célèbres fonds d’investissement est le ‘Soros Fund Management LLC’, créé par le milliardaire et philanthrope américain d’origine hongroise George Soros. En 1992, ce fonds a gagné 1,8 milliard de dollars en vendant à découvert des livres sterling. Une action d’éclat qui lui a d’ailleurs valu d’être surnommé ‘l’homme qui a fait sauter la banque d’Angleterre’. Ce fonds est réputé pour avoir gagné en moyenne vingt pour cent par an depuis 1969, soit sur quatre décennies.
Ne vous laissez toutefois pas aveugler par une telle ‘success story’. Bien souvent, ce type de fonds extrêmement rentable est l’arbre qui cache la forêt. Si l’on en croit Simon Lack, ex-banquier chez JP Morgan et auteur d’un ouvrage intitulé “The Hedge Fund Mirage”, le rendement des fonds spéculatifs depuis 1998 ne dépasse pas 2,1 pour cent par an, soit deux fois moins que ce que les investisseurs auraient gagné avec des bons du Trésor américain totalement dépourvus de risques!
Entretemps, les autorités financières européennes et américaines ont pris des mesures visant à mieux contrôler les ‘Hedge Funds’. Ainsi, aux Etats-Unis, à partir de 150 millions de dollars d’actifs, les gérants de fonds d’investissement ont l’obligation de s’enregistrer. Le 11 novembre 2010, le Parlement européen, réuni en séance plénière, a adopté la « Directive relative aux gérants de fonds dits ‘alternatifs’ » (« Alternative Investment Fund Managers Directive »). Cette directive instaure de nouvelles règles pour la commercialisation des fonds d’investissement alternatifs et a pour but de mieux réglementer les activités de ces fonds, d’assurer une meilleure protection des investisseurs en limitant les pratiques les plus risquées et d’établir un marché unique européen pour ces fonds. L’efficacité de ces mesures demeure, pour l’instant, pour le moins hypothétique.